En musique, on entend souvent les termes "monophonique" et "polyphonique", surtout lorsqu'on parle d'instruments comme les synthétiseurs ou lorsqu'on explore la conception sonore. Cependant, bien que ces termes puissent sembler fantaisistes, ils sont en fait essentiels pour comprendre la texture de la musique que nous créons.
Quelle est donc la véritable différence entre les deux ? Et surtout, quand devriez-vous opter pour l'une ou l'autre ? Voyons ce qu'il en est et déterminons quelle option pourrait le mieux convenir à votre prochain projet musical.
Polyphonie et monophonie
La polyphonie désigne la capacité d'un instrument ou d'un morceau de musique à jouer plusieurs "voix" en même temps. Avant que vous ne commenciez à imaginer une chorale, précisons ce que nous entendons par "voix" dans ce contexte.
Une "voix" n'est pas nécessairement une personne qui chante, c'est une ligne ou une note musicale unique. Ainsi, lorsque nous parlons de polyphonie, nous parlons en fait de la capacité à superposer plusieurs notes ou lignes simultanément, chacune ayant un son distinct. Pensez "harmonie".
Le terme "voix" remonte aux premiers temps de la musique occidentale. Il y a plusieurs siècles, l'idée de superposer différentes lignes mélodiques était nouvelle, et chaque ligne était souvent chantée par des chanteurs différents. Ces lignes distinctes étaient appelées "voix", qu'elles soient chantées ou jouées par des instruments. La terminologie est restée inchangée, même si la musique a évolué et que des instruments modernes ont assumé ces rôles.
Dans ses premières formes, la polyphonie était destinée à composer des mélodies complexes et entrelacées. Pensez à la texture riche et tissée d'un motet de la Renaissance. La monophonie, en revanche, était beaucoup plus simple : une seule mélodie, pure et sans accompagnement.
Un bon exemple serait un chant grégorien ou la différence entre un chanteur soliste et un ensemble complet.
Aujourd'hui, nous utilisons la polyphonie et la monophonie pour décrire non seulement la musique vocale, mais aussi le nombre de notes qu'un instrument peut produire simultanément. Par exemple, un synthé monophonique ne peut jouer qu'une seule note à la fois, ce qui le rend parfait pour les leads et les lignes de basse. En revanche, un synthé polyphonique peut jouer des accords et des harmonies, ce qui permet un accompagnement instrumental beaucoup plus riche et complet.
Synthétiseurs monophoniques
Lorsque l'on parle de synthétiseurs de nos jours, les termes "monophonique" et "polyphonique" reviennent souvent pour décrire la façon dont ils gèrent les notes. Les synthés monophoniques ne peuvent jouer qu'une seule note à la fois. Cela peut sembler restrictif, mais certains des sons les plus emblématiques de l'histoire de la musique électronique proviennent de ces instruments.
Les premiers synthés fabriqués étaient tous monophoniques. Prenez le Minimoog, par exemple. C'est un classique, et lorsque vous pensez à des lignes de basse ou à des pistes de synthétiseur grasses et juteuses, vous entendez probablement un monosynthé dans votre tête. À l'époque, la technologie de la polyphonie n'existait pas encore, et tout était conçu pour gérer une seule note à la fois.
De nombreux monosynthés classiques étaient massifs, à la fois en termes de son et de taille. Les premiers synthés modulaires, comme le Moog Modular ou l'ARP 2500, pouvaient occuper des pièces entières avec leurs vastes baies de brassage et leurs racks d'oscillateurs, de filtres et d'autres modules. Ils étaient les instruments parfaits pour les savants fous, car ils nécessitaient des montagnes de câbles de connexion et une grande implication pour en tirer un son.
Bien sûr, le son en valait la peine, épais, chaud et indéniablement puissant.
Avec le temps et les progrès technologiques, on aurait pu penser que les synthés monophoniques allaient tomber en désuétude. Mais non, ils sont restés populaires, et pour de bonnes raisons.
Prenez le Roland TB-303, un monosynthé qui a pratiquement défini le genre acid house avec ses lignes de basse grinçantes. Ou le Korg Monologue, un exemple plus moderne qui perpétue la tradition monophonique tout en offrant aux musiciens un nouvel ensemble d'outils pour créer.
Ces synthétiseurs prouvent que parfois, moins c'est plus, et qu'une seule note peut avoir un impact énorme lorsqu'elle est jouée correctement.
Synthétiseurs polyphoniques
La meilleure façon d'aborder la question des instruments polyphoniques est de commencer par le piano. C'est un exemple qui semble toujours faire mouche. Vous pouvez appuyer sur plusieurs touches et chacune d'entre elles produit sa propre note en même temps. C'est ce qu'on appelle la polyphonie, c'est-à-dire la possibilité de jouer plus d'une note simultanément, que ce soit pour des accords, des harmonies complexes ou des mélodies indépendantes.
Les premiers modèles de synthétiseurs polyphoniques sont apparus bien après le piano, à la fin des années 1930. L'un des pionniers fut Harald Bode, qui créa le Warbo Formant Orguel.
À la même époque, la société Hammond développe le Novachord, un synthé polyphonique qui utilise une technologie appelée division d'octave. Cette méthode consiste à diviser la fréquence d'un seul oscillateur haute fréquence pour produire des notes sur plusieurs octaves. Il s'agissait d'une solution astucieuse pour générer plusieurs notes à la fois, mais elle était limitée dans la façon dont elle pouvait traiter ces notes.
Cependant, la polyphonie dans les synthétiseurs n'a vraiment pris son essor que dans les années 1970. C'est à cette époque que la technologie a évolué pour permettre des systèmes d'attribution de voix plus sophistiqués. Au lieu de simplement diviser les fréquences, les synthétiseurs ont commencé à utiliser des circuits séparés ou un traitement numérique pour gérer les notes individuelles, offrant ainsi aux musiciens de véritables capacités polyphoniques.
Des instruments comme le Yamaha CS-80 et le Sequential Circuits Prophet-5 ont été révolutionnaires à cet égard, offrant un nombre déterminé de voix (généralement entre 4 et 16) pouvant être jouées simultanément.
Le nombre de voix d'un synthé polyphonique est important car il a un impact direct sur ce que vous pouvez faire en tant que musicien. Si un synthé a six voix, par exemple, vous pouvez jouer un accord de six notes ou une ligne mélodique avec un accord de cinq notes en arrière-plan. Si vous dépassez cette limite, le synthé doit décider quelles notes laisser tomber, ce qui peut affecter votre performance. Ainsi, plus de voix signifie généralement plus de flexibilité et de liberté créative, en particulier lorsque vous superposez des sons ou jouez des passages complexes.
Duophoniques et paraphoniques
Outre les termes monophonique et polyphonique, il existe deux autres termes qui se situent juste entre les deux : duophonique et paraphonique. Ces termes ne sont peut-être pas très courants, mais ils sont très intéressants une fois qu'on les connaît.
Les synthétiseurs duophoniques peuvent jouer deux notes à la fois, ce qui constitue un progrès par rapport aux synthétiseurs monophoniques, mais n'est pas encore une polyphonie complète. Les synthétiseurs duophoniques fonctionnent en divisant leurs circuits pour permettre de jouer deux hauteurs distinctes simultanément.
Un exemple classique est l'ARP Odyssey. Il possède deux oscillateurs, ce qui vous permet de jouer une note de basse avec l'un et une mélodie avec l'autre. Mais gardez à l'esprit que chaque note partage les mêmes réglages de filtre et d'amplificateur, de sorte que si vous pouvez jouer deux notes, elles sont toujours quelque peu liées en termes d'élaboration du son.
Les synthétiseurs paraphoniques, quant à eux, sont un peu hybrides. Ils peuvent jouer plusieurs notes comme un synthé polyphonique, mais toutes ces notes partagent les mêmes paramètres de filtre et d'enveloppe. En fait, vous obtenez plus de notes, mais elles sont traitées ensemble plutôt qu'indépendamment.
Un exemple célèbre est le Korg Poly-800. Il peut jouer des accords, mais grâce au filtre et à l'enveloppe partagés, le son est plus unifié, presque comme une version légèrement plus complexe de la synthèse monophonique. C'est un son unique qui a son propre charme, en particulier dans certains styles de musique.
Les synthés duophoniques et paraphoniques offrent donc un peu plus de flexibilité que les synthés monophoniques, mais avec certaines limitations par rapport à la polyphonie complète. Ils offrent une solution intermédiaire à la fois polyvalente et distinctive, idéale lorsque vous souhaitez explorer des textures qui ne sont pas tout à fait monophoniques, mais que vous n'avez pas besoin de toute la gamme des capacités polyphoniques.
Monophonique ou polyphonique : Lequel utiliser ?
Alors, faut-il choisir un synthé monophonique ou polyphonique ? C'est une question à laquelle tous les musiciens et producteurs sont confrontés à un moment ou à un autre et, honnêtement, il n'y a pas de réponse unique. Cela dépend vraiment de ce que vous essayez d'accomplir.
Le contexte est primordial. Les deux types de synthé ont leurs points forts, et savoir quand utiliser chacun d'entre eux peut faire une énorme différence dans votre musique. Pensez-y comme suit : dans une chorale, plusieurs voix s'unissent pour créer un son massif et complexe. C'est la polyphonie.
Mais parfois, tout ce dont vous avez besoin, c'est d'une voix unique et claire pour délivrer le message, comme un soliste qui tient son rang. C'est là qu'un synthé monophonique brille, en coupant à travers l'harmonie complexe avec un lead ou une ligne de basse. Aucun des deux ne peut prendre le rôle de l'autre.
Dans le contexte d'un groupe complet, le choix devient encore plus important. Si vous superposez plusieurs instruments, un synthé monophonique peut s'avérer idéal pour ajouter une mélodie ciblée qui se démarque dans le mélange. En revanche, si vous cherchez à créer des pads luxuriants ou des progressions d'accords complexes, un synthé polyphonique peut très bien remplir l'espace,
Le style de jeu a également son importance. Si vous recherchez des lignes rapides et complexes, un synthé monophonique sera mieux adapté pour gérer cette agilité. En revanche, si vous créez quelque chose de plus atmosphérique, où les accords et les couches sont essentiels, un instrument polyphonique vous donnera la flexibilité nécessaire pour explorer ces textures.
Et n'oubliez pas que plus n'est pas toujours mieux. Ce n'est pas parce qu'un synthé polyphonique peut gérer plus de notes qu'il faut toujours les utiliser. C'est comme commander une pizza. Vous n'avez pas besoin de toutes les garnitures pour la rendre délicieuse. Parfois, c'est la simplicité qui permet à une partie de se démarquer. Réfléchissez donc aux besoins de votre musique et choisissez l'outil qui vous permettra d'y parvenir.
Faire de la musique multiphonique
En fin de compte, les concepts de polyphonie et de monophonie sont assez simples. Une note ou plusieurs, c'est aussi simple que cela. Mais même si elles sont faciles à saisir, ces idées sont importantes dans le monde plus large de la théorie et de la production musicales.
Savoir si vous travaillez avec une configuration monophonique ou polyphonique vous aide à prendre des décisions plus éclairées sur la façon de créer votre son. En théorie musicale et en composition musicale, ces termes nous aident à prendre des décisions basées sur la texture et l'arrangement. Savoir quand utiliser une seule ligne mélodique d'un synthétiseur monophonique plutôt qu'un accord riche et stratifié à plusieurs voix peut faire toute la différence dans votre composition.